Les enfants de parents divorcés ont un risque plus élevé d’accident vasculaire cérébral, une recherche menée par l’Université de Toronto, publiée dans PLOS ONE, établit un lien inquiétant entre l’expérience du divorce parental pendant l’enfance et un risque significativement accru d’accident vasculaire cérébral (AVC) à un âge avancé.
Méthodologie et résultats clés
L’étude a analysé les données de 13 205 Américains âgés de 65 ans et plus, issus de l’enquête Health and Retirement Study. Parmi eux :
- 14 % avaient vécu un divorce parental avant 18 ans.
- Ces individus présentaient un risque accru de 61 % de subir un AVC au cours de leur vie, indépendamment d’autres facteurs comme les abus physiques ou sexuels dans l’enfance.
Comparaison avec d’autres facteurs de risque connus :
- Sexe masculin : +47 % de risque d’AVC (vs femmes).
- Diabète : +37 %.
- Dépression : +76 %.
« L’ampleur de cette association est comparable à des facteurs de risque majeurs comme le diabète. C’est particulièrement préoccupant, car elle persiste même après exclusion des traumatismes infantiles graves », explique Esme Fuller-Thomson, sociologue et auteure principale de l’étude.
Pourquoi ce lien ? Hypothèses scientifiques
Bien que l’étude soit observationnelle (ne prouvant pas de causalité), plusieurs mécanismes pourraient expliquer cette association :
- Stress chronique et inflammation
- Le divorce parental peut entraîner instabilité financière, conflits familiaux et changements de cadre de vie, générant un stress toxique prolongé.
- Une étude dans JAMA Pediatrics (2021) montre que le stress infantile altère durablement la régulation du cortisol, favorisant l’inflammation et les maladies cardiovasculaires.
- Hypertension artérielle
- Une recherche publiée dans Hypertension (2022) révèle que les enfants de divorcés développent plus souvent de l’hypertension vers 40–50 ans, un facteur clé d’AVC.
- Comportements santé à risque
- Les travaux de Felitti et al. (1998) sur les ACE (Adverse Childhood Experiences) suggèrent que les enfants de divorcés adoptent plus fréquemment des habitudes néfastes (tabagisme, sédentarité), augmentant indirectement le risque vasculaire.
Limites et nuances
- Pas d’association trouvée avec d’autres traumatismes (violence psychologique, addiction parentale), ce qui pointe vers un impact spécifique au divorce.
- Variations générationnelles : Les auteurs soulignent que les résultats pourraient différer pour les générations X ou Y, où le divorce est moins stigmatisé.
Perspectives et prévention
- Interventions précoces : Un suivi psychologique et des programmes de résilience pourraient atténuer les effets à long terme.
- Nouvelles recherches nécessaires pour explorer les mécanismes biologiques (épigénétique, microbiote) et l’impact des gardes partagées modernes.
Références scientifiques sur Les enfants de parents divorcés ont un risque plus élevé d’accident vasculaire cérébral :
- Fuller-Thomson E. et al. (2024), PLOS ONE.
- JAMA Pediatrics (2021) : « Stress infantile et inflammation ».
- Hypertension (2022) : « Divorce parental et tension artérielle ».
